dimanche 26 juin 2011

Nourriture : pauvreté, élitisme et juste milieu

J'en parlais dans mon tout premier billet.
Dix mois plus tard, j'ai envie d'aborder le sujet à nouveau : le concept de ce blogue.

Dans mon message de bienvenue, je parlais d'économie de coût par rapport à la cuisine santé :
Je me suis réservée ce petit coin du web afin de réaliser un petit souhait : parler d'une cuisine végétarienne accessible à tous les portefeuilles, diversifiée et bonne au goût.
Parce qu'il n'y a pas de raison pour la mère monoparentale de ne pas manger un repas santé avec ses trois enfants.
À trop d'endroits sur la toile, on prétend que pour manger bio et/ou végétarien, il faut y mettre le prix.
Je ne suis pas d'accord avec cela. En fait, j'en suis effarée.
Oh bien entendu, les aliments biologiques et locaux coûtent plus chers que la moyenne. Je ne le nie pas. Mais doit-on vraiment hypothéquer sa maison pour des courges? L'imagination et l'audace réduisent de manière considérable le coût d'une recette, et le nombre de sacrifices.

J'ai envie de rajouter quelque chose maintenant. Une raison de plus d'enrichir cet espace virtuel.
À force de discuter avec des gens d'un peu partout et de plusieurs origines sociales, j'ai vraiment réalisé jusqu'à quel point la nourriture est pré-fabriquée en Amérique du Nord. Les aliments pures existent à peine, et pour les trouver, il faut chercher longtemps. Et sortir le portefeuille. Sans parler de l'absence de diversité.
De plus, les prix sont exorbitant par rapport au salaire moyen.
Disons que selon les chiffres, dans ce pays, le tiers des enfants connaissent la pauvreté, et dans cette province, presque la moitié des ménages vivent sous le seuil de la pauvreté. Ouch!
Et si on jette un coup d’œil sur les prix en épicerie, on se rend compte qu'il coûte moins cher d'acheter des boîtes de céréales géantes que de petits légumes. En fait, plus la nourriture est saine (légumes, grains, fruits, etc), plus son coût est élevé, et vice-versa pour la malsaine. Oui, un sac de croustilles à saveur de pizza coûte trois fois moins cher qu'un melon.
La cuisine locale (voire nationale) coûte les yeux de la tête, au point où l'on entend souvent parler de pêcheurs qui ne possèdent pas les moyens de manger leurs propres poissons, se contentant de bâtonnets panés!
Et la grande majorité des aliments européens vantés sur le net n'existe tout simplement pas ici.

D'un autre côté, les élites de ce monde vantent la « bonne » bouffe.
J'en parlais un peu sur mon autre blogue, mais dans un billet cinéma.
De nos jours, il existe une sorte de démocratisation de la nourriture, toutes les classes sociales ayant accès à des blogues culinaires, à des émissions de télé consacrées aux recettes saines, à des conseils gratuits de grands chefs, à des livres de cuisine à bas prix et en quantité industrielle. Tout le monde a entendu parler de la bonne cuisine et des repas santé. Mais cela reste très récent dans l'histoire de l'humanité, peut-être que cela remonte à dix ou quinze ans tout au plus. Oui, vous avez bien lu : la culture culinaire des élites est désormais accessible au peuple! D'ailleurs, beaucoup d'entre eux le « dénoncent ». Que veut-on : les élites se plaignent du supposé manque de culture du peuple, et dès que le peuple apprend la « grande » culture de l'élite, cette dernière se plaint encore...

Les gens n'ont donc pas accès à cette nourriture, et ce, pour des raisons financières ou de disponibilité du produit, et en sont culpabilisés par des élites qui les regardent d'un mauvais œil, bonne nourriture ou non...

Il faut comprendre la raison première de cet attachement des élites envers la nourriture santé.
Si manger « bien » et « bon » coûte cher, les gens ordinaires ne peuvent donc pas se le permettre. Et si ces derniers ne mangent que les cochonneries accessibles à leur tout petit budget, ils prennent du poids.
Un raison de se distinguer de la masse consiste donc à être mince, en mangeant santé... et/donc cher.
Et si je vous disais que jamais une étude a réussi à prouver qu'un surplus de kilos « raisonnable » (je ne parle donc pas d'obésité maladive) n'était en rien nocif pour la santé? L'ironie veut donc que l'obsession maladive de la minceur-santé découle bel et bien de la mentalité d'une élite désireuse de se distinguer à tout prix du reste de la population.
Il ne faut donc pas culpabiliser parce que le fromage de chèvre est trop cher cette semaine. Une autre viendra. En ne se plaçant pas en état de torts devant la nourriture, celle-ci goûtera meilleur. On ressent alors moins le besoin d'empiler les excès ou la malbouffe bourrée d'endorphines pour compenser une quelconque mauvaise conscience. Et on décide de remplacer le fromage par une pomme rouge au lieu des sempiternelles chips. La nourriture est aussi un état d'esprit.

Vous savez quoi? Il est possible de manger de façon saine malgré tout. Sans culpabiliser parce que ces fichues figues importés coûtent plus cher qu'un repas au restaurant.
Voilà, je pense, la raison qui me motive à entretenir ce blogue. Trouver des façons économiques de bien manger avec des ingrédients accessibles que l'on n'est pas obligé pas commander en France ou en Chine.
Et si les boîtes de céréales sont aussi grandes que des petits meubles, pourquoi ne pas s'en accommoder, et cuisiner à partir de ce type d'ingrédient? ;)

Je tiens aussi à remercier tout ceux qui m'ont écrit des mots positifs, m'expliquant que les recettes partagées correspondent à ce qu'ils recherchaient, c'est-à-dire des recettes à la fois simples, accessibles, économiques et délicieuses.
Cela me conforte dans les choix effectués pour ce blogue. :)

Sur ce, je vous souhaite à tous un bon appétit et de merveilleux moments autour de la table! ^^

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